Publié le 15 Octobre 2018

On parle beaucoup d’égalité homme-femme en ce moment. On en parle aussi à SYSTRA, puisque les négociations pour un nouvel accord d’entreprise triennal démarrent. C’est l’occasion de se pencher sur le bilan de l’accord précédent, qui couvrait la période 2015-2017. Négocié en 2014 en s’appuyant sur les données de 2013, l’accord avait été signé par la CFDT et deux autres syndicats, l’UNSA et la CGC. Il fixait des objectifs classiques d’embauche, de formation et promotion, de rémunération et de mesures visant à améliorer l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle.
Disons-le tout net : c’est un échec total ! Quasiment aucun objectif n’est tenu, à part la tenue systématique d’entretiens avec la (ou le) salarié(e) de retour d’un congé de longue durée.
Pour le reste, non seulement on n’enregistre aucune avancée, mais on régresse par rapport à la situation de 2013 ! Les femmes représentaient alors 34% de l’effectif total. Aujourd’hui, nous en sommes à 33%. Pire, elles représentaient 39% des embauches en 2013, le pourcentage est tombé à 27% en 2017. Même évolution en termes de rémunération : alors qu’il y avait 12% de femmes parmi les 10% des plus hautes rémunérations de l’entreprise, il en reste… 0 en 2017 ! Quant à la formation, c’est un fiasco : le pourcentage de femmes ayant suivi une formation est passé de 35% en 2013 à 30% en 2017.
Rappelons que l’accord fixait des objectifs de progression !
Face à ce bilan, la direction reste droite dans ses bottes et considère qu’il n’y a aucun problème. Il y a peu de femmes ingénieurs sur le marché de l’emploi, peu de femmes en écoles d’ingénieurs, SYSTRA est en ligne avec le marché, et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes masculins.
Si l’argument peut s’entendre en ce qui concerne les embauches, on voit mal en quoi le marché empêche de tenir les objectifs de formation ou de progression des rémunérations. Or, plusieurs objectifs n’ont même pas fait l’objet d’un suivi. Comme si le fait d’avoir signé un accord avec les organisations syndicales était le but ultime et qu’il suffisait ensuite de laisser le texte dormir sur une étagère jusqu’à son échéance.
Et toute honte bue, la direction n’hésite pas à se représenter aujourd’hui devant les organisations syndicales avec un copié-collé du même accord, où seules les dates et les pourcentages sont à remplir. Dans cette optique, nous suggérons de fixer des objectifs régressifs, nous serons au moins assurés qu’ils seront tenus !
Le président du directoire lui-même ne se plait-il pas à répéter qu’il ne souhaite pas embaucher une femme pour le principe de prendre une femme, mais qu’il préfère embaucher des gens compétents ? Il n’y aurait donc aucune femme compétente pour accéder aux plus hautes fonctions à SYSTRA, ni même sur le marché du travail ?
Mais comment définit-on une personne compétente ?
Quelque chose nous dit qu’elle devrait ressembler à ça :
Tous très brillants et compétents, certainement. Tous sur le même modèle, aussi. Mêmes costumes sombres, mêmes grandes écoles, mêmes qualités. Et mêmes lacunes.
Eh bien, aujourd’hui, nous en avons assez ! Assez d’attendre, assez de voir que nos filles et nos petites filles se heurteront au même plafond de verre que leurs mères ! Assez des arguments fallacieux, des fausses excuses et de l’inertie !
Il paraît que l’audace est une valeur de SYSTRA. Alors messieurs, OSEZ ! Osez sortir du confort qu’il y a à s’entourer de ses semblables. Prenez le risque d’être challengés ! SYSTRA est un groupe mondial de près de 6500 collaborateurs ! Puisez dans la richesse de ce vivier ! Notre cœur de métier est l’ingénierie, mais est-il indispensable d’être ingénieur pour des postes aux ressources humaines, au management de la qualité, à beaucoup d’autres fonctions ? Osez donner une chance aux femmes, aux parcours différents du vôtre, aux origines diverses. Osez vous confronter à d’autres modes de réflexion, à d’autres façons d’aborder les problèmes. SYSTRA a tout à y gagner.